"A défaut d'être classé parmi les plus beaux villages de Normandie, Tréauville mériterait assurément d'y figurer, avec son étonnante concentration de jolis manoirs et de grosses fermes."

Michel Giard, historien et écrivain né aux Pieux    

      Depuis Les Pieux, en empruntant la D 23 en direction de Diélette, 1,1 km après le rond-point de la caserne des pompiers vous pourrez emprunter la D 408 à droite qui vous dirigera vers le bourg de Tréauville. Au passage dans un vallon vous contournerez le manoir de la Gioterie. Ce manoir est un ensemble des XVIe et XVIIe siècles. Une échauguette comportant deux trous à fusil se dresse à un angle du logis principal. Elle domine un ruisseau qui longe le manoir sur l’un des côtés. La cour est fermée par un beau porche d’entrée dont la porte piétonnière a été murée.

Manoir de la Gioterie et son échauguette.

      En poursuivant votre route, vous atteindrez le bourg récemment réaménagé avec une réfection complète de la voirie. Depuis la place, vous découvrirez l’église entourée du cimetière. En arrière-plan, la vue est dégagée sur le coteau du Mont Thulé, exempt de construction. Son aspect resté naturel change au gré des saisons et des activités agricoles.

Place du bourg, église et mairie.

      Le clocher en bâtière de l’église Saint Pierre de Tréauville relie la nef au chœur. Il s’appuie sur quatre gros piliers supportant une voûte d’ogive avec un macaron central de pierre sculptée. En visitant l’église, ouverte le week-end, vous accéderez d’abord dans la nef recouverte par un beau lambris. Vous traverserez ensuite le transept sous le clocher avec un Christ en bois du XVIIIe siècle sur un pilier, puis atteindrez le chœur couvert par trois travées. Une piscine trilobée à deux coupelles se trouve à droite dans le mur ainsi qu’une épitaphe difficilement lisible, laissée au jour, datée de 1493. L'autel est encadré à gauche de Saint Jean-Baptiste et à droite de Saint Sébastien. Bien que l’église soit consacrée à Saint Pierre, il figure seulement dans une série de petites statues en marbre blanc sur le devant de l’autel. Les vitraux très lumineux, refaits après la guerre, représentent les sept sacrements.

Eglise côté nord-est.

      Le cimetière comporte de nombreuses traces des siècles passés. Dans les maçonneries des murs du cimetière et de l’église, on trouve des dalles gravées en granite d’anciennes pierres tombales. Certaines représentent des croix cerclées, appelées aussi croix nimbėes. La grande croix du cimetière dont le dé repose sur quatre piliers carrés et un triple emmarchement est datée de 1678. Côté nord-est de l’église, quatre tombeaux parmi les plus anciens du cimetière sont en forme de sarcophage. Chacun monté sur deux supports en granite, ce sont les sépultures, datées de 1812 à 1860, des familles de nobles Adoubedent de Franqueville et Le Pelley. Non loin, se trouve le monument funéraire aux corsaires de Robert Surcouf. En contournant l’église par devant, vous longerez un enclos entouré de grilles comportant six tombeaux dont un en forme de sarcophage. Dans cet enclos reposent deux anciens maires de Tréauville : Auguste Gosselin Deslongchamps contemporain de Napoléon Ier, et son gendre Louis Folliot-d’Argence en exercice sous Napoléon III. Plus haut dans le cimetière, se trouve l’enclos de la famille du général du premier empire Jacques-Casimir Jouan.

En haut, tombeaux en forme de sarcophage.

En bas, croix cerclée dans le mur du cimetière.

A droite, platane remarquable du manoir de Rade.

      En faisant le tour du bourg, vous remarquerez la fontaine sur une place pavée à l’extrémité de laquelle sont érigés le monument aux morts et la stèle en mémoire des aviateurs. En effet, trois avions bombardiers alliés rentrant de mission sont tombés à Tréauville le 26 novembre 1943.

     Un peu plus bas, l’ensemble de bâtiments en cours de restauration est le manoir de Rade. Ce manoir du XVIIIe siècle a appartenu à la famille Le Pelley.  Dans la cour, un imposant platane tricentenaire à feuilles d’érable est classé « arbre remarquable de la Manche ».

Maison de maître du manoir de Rade vers 1910.

    Derrière l’église, vous remarquerez la maison dite de Mme Hébert avec une belle façade et une entrée de cour couverte ornée d’une statue. En remontant vers la place, vous passerez à côté de l’ancien presbytère et de la mairie aménagée dans une partie de ce presbytère.

Maison dite de Mme Hébert.

     En prenant la D 204 pour rejoindre la D 23, vous verrez à gauche de la route l’imposante ferme de Couilly et à droite le moulin Le Laidier du nom d’un de ses anciens propriétaires. Ce moulin est l’un des cinq moulins à eau de Tréauville sur la rivière Diélette.

     En continuant votre route par la Carellerie puis la Riboulerie, vous rejoindrez la D 23 au carrefour de la Forge pour prendre à droite la direction de Diélette. Après 300 mètres, un chemin à gauche conduit au manoir de la Houssairie. Les bâtiments entourent une cour rectangulaire dans laquelle on pénètre par une double porte charretière et piétonne appuyée sur une vieille demeure appelée la maison forte. Selon les spécialistes, il s’agirait d’une des constructions rurales les plus anciennes du département, datant du XVe siècle. Sur les murs extérieurs à la cour, les ouvertures sont de petites dimensions. Sur le pignon, des corbeaux suggèrent l’existence d’un appareil défensif de type assommoir. Au-dessus d’une porte cintrée côté cour, le même dispositif défensif est présent. A l'ouest de la cour se trouve la maison d'habitation du général Jouan puis de ses descendants depuis 1794.


La Houssairie avec, en haut, le porche d'entrée et la maison forte,

en bas,  la demeure du général Jouan.

     De retour sur la D 23, dans la direction de Diélette, vous verrez au bord de la route le manoir de Tréauville. Il est doté d’une imposante tour qui abrite l’escalier à vis. Les murs de cette tour ne comportent que deux petites ouvertures rectangulaires et des meurtrières en forme de trou de serrure. Ce manoir a inspiré le peintre Jean-François Millet pour un pastel réalisé en 1863 et conservé au musée des beaux-arts de Boston aux Etats-Unis.

Manoir de Tréauville au bord de la D 23.

      Après avoir traversé le hameau de la Lague, la route en descente vers le port de Diélette offre un beau panorama. Vous pourrez stationner votre véhicule facilement et flâner sur les quais et les digues avec une belle vue sur l’espace maritime, le cap de la Hague et les îles anglo-normandes. Profitez-en pour faire une petite promenade sur la plage du Platé ou sur le sentier des douaniers (GR 223) qui la surplombe en direction de Siouville.

Port de Diélette.

Accès à la plage du Platé.

      La commune de Tréauville est dotée de nombreux chemins et petites routes tranquilles offrant de multiples possibilités de balades à pied, à cheval ou à vélo. Vous découvrirez avec plaisir le riche patrimoine naturel et les belles fermes et bâtisses en pierre de la commune. Blotti dans son hameau, n'oublions pas de mentionner le manoir de Métot (XVIIe siècle), inscrit au titre des monuments historiques depuis 1975 pour ses façades, ses  toitures et son porche d'entrée.

 

Le hameau de Métot avec à gauche son manoir et sa tour escalier.