Le 20 Janvier 1835, les limites de la Commune sont considérablement modifiées. Tréauville cède à Flamanville le port de Diélette et le territoire qui s'étendait  jusqu'au Hameau Blondel.

  

Potille de bornage de la limite entre Tréauville et Siouville

 

Mais pour bien comprendre ce fait historique, il nous faut remonter dans le temps. A la révolution, lorsque l’Assemblée décide que la France serait divisée en communes, Flamanville conserva une enclave sur la rive droite de la Diélette, le mont St Gilles. Cette possession était l’héritage de faits historiques survenus sous l’ancien régime et la Restauration avec les Seigneurs de Flamanville. Sur cette enclave, avait été érigée l’ancienne Eglise paroissiale de Flamanville avec son cimetière, et ceci jusqu’en 1670, date de transfert de l’Eglise à Flamanville.

On se souvient des fouilles récentes qui ont mis à jour nombre de restes humains ainsi que les vestiges de l’ancienne Eglise.


Mais l’attachement des Flamanvillais à ce bout de terre et de côte n’était pas seulement religieux, leurs ancêtres étant inhumés là. Le varech, que l’on ramassait à basse mer et cueillait sur les rochers, représentait un intérêt économique certain.

En effet, à cette époque, cette algue est un engrais très renommé pour l’amélioration des terres et seules les communes riveraines de la côte ont l’exclusivité de la cueillette.

Voici pourquoi les Siouvillais surtout et les Tréauvillais voient d’un très mauvais œil les Flamanvillais venir ramasser le précieux engrais au pied du mont St Gilles et sur les rochers, alors qu’ils possèdent déjà une côte étendue jusqu’au Havre Jouan vers Les Pieux.

Maints épisodes plus ou moins violents eurent lieu sur ces bancs de rochers entre Flamanvillais, Siouvillais et Tréauvillais, et on a pu parler de « Guerre du varech ».

Les Tréauvillais avait déjà évoqué cette affaire dans leurs cahiers de doléances en 1789, se plaignant, entre autres, « que l’on brûlait le varech pour en faire de la soude qui est une perte d’engrais et que la fumée a un effet nocif sur la fleur de sarrasin et gâte les foins ». Ce souci des Tréauvillais apparaît encore dans l’appellation d’une route « La jalousie » d’où l’on pouvait apercevoir les rochers du platé, objet de la discorde entre les communes.

Ces querelles s’étaient calmées sous l’Empire mais reprirent de plus belle vers 1820 lorsqu’il fut question de la mise en place du cadastre.

Siouville et Tréauville continuaient de réclamer une rectification des limites pour mettre un terme à cette enclave.

Les années passèrent et les tractations durèrent, orchestrées par le puissant Seigneur châtelain de Flamanville, le Comte de ses Maisons. Malgré les réclamations de Tréauville qui voulait conserver le Port de Diélette, l’ordonnance royale du 5 Septembre 1834 promulga les nouvelles limites qui sont toujours actuelles au détriment de Siouville.

C’est ainsi que le 20 janvier 1835, les deux conseils municipaux Tréauville et Flamanville se réunirent en la Mairie de Flamanville pour entériner cette ordonnance, M Lefèvre étant Maire de Tréauville et M Mocquet, Maire de Flamanville.

Il faut noter qu’à cette occasion, le village de Belval devient Tréauvillais. C’est aussi à cette époque que fut implantée « La Potille » qui marque les limites de Tréauville et Siouville. Le maintien de cette borne de granit, que la marée découvre, incombe à Tréauville.

 

                                                                                                                                                                                                                                                                                 Bernard Lefaix. 


Sources : Registre des délibérations du Conseil municipal de 1833 à 1838.

                André Hamel  « Siouville – Le schisme protestant de 1837 » (1992).